Le milliardaire, propriétaire de X (anciennement Twitter), est régulièrement accusé de tenir ou promouvoir des propos haineux. Il a également drastiquement réduit les équipes chargées de la modération sur son réseau social.
Une "promotion abjecte de la haine antisémite et raciste". Les mots émanent de la Maison Blanche et visent directement Elon Musk, le patron de Tesla, SpaceX et du réseau social X (anciennement Twitter).
Le chef d'entreprises est de nouveau épinglé pour des propos antisémites. Ce n'est en effet pas la première fois qu'Elon Musk est accusé de tenir des propos haineux ou d'y inciter : en septembre, plus de 100 personnalités juives avaient signé une lettre ouverte présentant Elon Musk et X comme "un danger pour les juifs et d'autres minorités et communautés vulnérables". On vous résume les accusations qui pèsent sur le milliardaire.
Parce qu'il vient de soutenir un tweet antisémite
Comme souvent avec Elon Musk, la nouvelle vague de critiques part d'un tweet. Mercredi 15 novembre, en réponse à une publication qui demande comment certains peuvent prétendre que "Hitler avait raison", un utilisateur du réseau social X affirme que les communautés juives soutiennent "la haine contre les Blancs". Le tweet prétend également que "les populations juives occidentales réalisent que les hordes de minorités qui veulent envahir leur pays ne leur ressemblent pas tellement".
Ce à quoi Elon Musk a répondu : "Tu as dit l'exacte vérité." Avant d'ajouter, en réponse à un autre utilisateur : "Je suis profondément offensé par les messages de l'Anti-Defamation League [principale organisation américaine de lutte contre l'antisémitisme] et de tout autre groupe qui prône de facto le racisme anti-blanc, le racisme anti-asiatique ou le racisme de toute sorte."
Sa réponse a déclenché une vague de critiques. Pour la Maison Blanche, le tweet appuyé par Elon Musk reprend une théorie du complot populaire parmi les nationalistes blancs, selon laquelle les juifs ont un plan secret pour favoriser l'immigration clandestine dans les pays occidentaux afin d'y saper la majorité blanche.
Le président de l'Anti-Defamation League a aussi réagi, estimant qu'il est "incontestablement dangereux d'utiliser son influence pour valider et promouvoir des théories antisémites", selon CNN. Le tweet "utilise un vocabulaire spécifique qui a déjà été utilisé dans le passé pour justifier des attaques violentes contre des synagogues", explique à la BBC Zahed Amanullah, membre du think tank Institute of Strategic Dialogue.
Parce qu'il possède un historique de déclarations antisémites
Par le passé, l'entrepreneur a déjà accusé George Soros, milliardaire philanthrope juif américain et cible régulière d'attaques antisémites, de "détester l'humanité" et de "vouloir éroder la fabrique même de la civilisation".
Il avait aussi menacé d'attaquer en justice l'Anti-Defamation League, la principale organisation de lutte contre l'antisémitisme aux Etats-Unis, qu'il accusait d'être "le plus gros générateur d'antisémitisme sur la plateforme (X)". Le groupe avait publié un rapport pointant la hausse du nombre de publications antisémites sur X depuis le rachat du réseau social par Elon Musk.
Sa conférence avec le Premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou, le 18 septembre au siège de Tesla, aurait pu être l'occasion d'apaiser les tensions. Mais quand le responsable israélien lui a demandé s'il condamnait l'antisémitisme spécifiquement, le milliardaire a commencé, comme l'explique cet article de BFMTV, par botter en touche, préférant se dire "contre tout ce qui promeut la haine et le conflit".
Parce qu'il interagit régulièrement avec des comptes haineux
Si les déclarations d'Elon Musk sont interprétées de cette façon, c'est aussi parce qu'il interagit régulièrement de manière plus que cordiale avec des comptes ouvertement racistes ou antisémites. Il a par exemple approuvé des tweets d'Andrew Torba, fondateur du réseau social d'extrême droite Gab, qui exprime ou republie régulièrement des publications haineuses ou antisémites (par exemple, selon lesquelles les "médias juifs et la technologie sont utilisés pour castrer psychologiquement et spirituellement les Occidentaux").
Il a également réagi sous un tweet recommandant implicitement aux "hommes occidentaux" de "haïr les juifs" et reprenant une théorie complotiste selon laquelle une élite mondiale boirait une substance dérivée du sang d'enfants.
Parce que X assure une modération insuffisante de ses contenus
Si ce genre de propos peuvent apparaître sur X, c'est aussi parce qu'Elon Musk a fortement affaibli la modération sur sa plateforme, en licenciant plus de 80% des employés et en assouplissant les règles encadrant les propos haineux. Les effets sont clairement visibles : depuis son rachat du réseau social en octobre 2022, de nombreux rapports ont constaté une hausse des messages antisémites, et des messages haineux en général.
Elon Musk a même autorisé à revenir sur la plateforme de nombreux comptes précédemment bannis pour des propos haineux. Parmi eux, Kanye West, banni pour une publication antisémite ou Nick Fuentes, commentateur politique américain suprémaciste blanc, qui a par exemple contesté le nombre de victimes officiel de la Shoah, comme l'explique le média israélien The Times of Israël. Il a été banni dès le lendemain de son retour pour de nouveaux propos antisémites.
Mais ces changements provoquent notamment la fuite de très nombreuses entreprises, qui ne veulent pas voir leurs publicités s'afficher à côté de contenus haineux ou antisémites. Depuis le nouveau message publié mercredi par Elon Musk, de nouveaux annonceurs ont justement annoncé retirer leurs publicités de X, comme IBM, Apple ou des géants du divertissement comme Disney ou Warner Bros.
Source: franceinfo
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